Aux couleurs froides que je privilégie toujours, s'ajoutent quelques lueurs plus chaudes mais je reste sur la même thématique, le silence et l'attente.

Les silhouettes, même nombreuses, au visage estompé interrogent le vide. Traduction de l'enfermement dans l'espace envahi de lumière, c'est l'équilibre fragile d'élégantes solitudes.

Mais ne faut-il pas s'enfermer souvent pour être libre ?

 

Jean-Michel Cosson 2015.


Libération Champagne. Décembre 2003.

 

Un peintre "à histoire"

 

Jean-Michel Cosson expose  10 ans d'aventure en solitaire, rue Paul Dubois SNVB Troyes.

 

Discret, solitaire, autodidacte, Jean-Michel Cosson  s'est aventuré il y a dix ans sur le chemin de la peinture. Partant du principe qu'il

faut du "savoir faire avant de savoir défaire", il s'est soumis à l'incontournable avant d'aller voir au-delà  des apparences. Le talent s'affirmant, la subtilité gagnant du terrain, il fabrique des tableaux à rêver et reste un peintre-conteur.

 

Au début, l'horizon du peintre lui offre peu de latitude, "il faut coller au réel" reconnaît Jean-Michel, mais "pour le bousculer, le brouiller". Depuis ses premières toiles, l'artiste en construction a appris le jeu des transparences, puis les reflets. C'est ce qui fait dire à ses hôtes de la SNVB que l'exposition en place a tout d'une "rétrospective".

Mieux encore, c'est un voyage dans l'univers d'un peintre qui est allé "chercher dans la marge, à la frange, ce qui échappe au regard mal exercé". Les premières toiles sont de vrais scénarios qui stimulent l'imagination. Déjà la lumière, les fenêtres, les couleurs sont là, qui tracassent le peintre. Viennent ensuite les constructions en transparences, matinées d'influences américaines. Mais Jean-Michel, exigeant envers lui-même travaille déjà sur le symbole, ses œuvres gagnent en subtilité, des portes dérobées s'ouvrent à l'intérieur même de ses toiles sur les univers qu'il imagine.

Aujourd'hui, "peindre le flou, le reflet, l'ombre" permet au peintre de trouver un nouveau souffle. Dans son atelier ouvrant sur l'église de la Madeleine, l'artiste "s'amuse à poser des miroirs pour voir la tête du monde".

Parmi ses dernières toiles, qui comportent quelques figures imposées telle une 'Nature morte à la nature morte" construite en abîme, se dégagent des créations poétiques, parfois bucoliques, nimbées d'une lumière cristalline toute de transparence et d'effet. C'est beau et simple comme une tranche de vie, la rencontre de décors extérieurs et intérieurs sur une vitre hospitalière par exemple.

Une peinture qui parle à l'imaginaire sans tomber dans la facilité, des toiles à vivre devant lesquelles on rêverait bien des heures durant,ce n'est pas si fréquent, c'est à la SNVB jusqu'au 15 janvier.

 

Claire LORICHON. Libération Champagne/décembre 2003.

 

Je remontais le drap et la couverture

Pour ne plus avoir froid

Par-dessus mon oreille précisément

Pour ne plus avoir peur

Par-dessus les souvenirs du jour

Pour changer de monde

mais au bout du lit

Comme des racines mes pieds dépassaient.

 

"Enfance" Jean-Michel Cosson 1980.


Peindre, c'est parler de très loin, c'est dire que l'essentiel est ailleurs et que l'on ne l'atteindra sans doute pas.

 

Jm Cosson 2018.